dimanche 13 novembre 2011

Son Excellence Eugène Rougon - Avis

J’ai un avis mitigé sur ce livre. Mais pour commencer, voyons ce que j’ai aimé.

Il a les allusions aux évènements politiques réels qui se sont déroulés pendant cette période. Zola parle ainsi du baptême du prince impérial (14 juin 1856) avec énormément de détails : il précise que toutes les familles d’enfant nés le même jours que le prince avaient cinquante mille francs, que des médailles avaient été tirées pour commémorer l’évènement, etc… Il décrit aussi le chemin du cortège entre les Tuileries et Notre-Dame. Par contre, je n’ai pas réussi à savoir ce qu’était l’île Saint-Philippe dont Zola parle au début du chapitre 4. (Peut-être, l’île de la Cité ?)

Zola nous parle aussi des élections législatives de 1857, où tous les élus sont des candidats officiels de l’Empire, sauf les cinq députés républicains élus à Paris. « Paris n’en a pas moins nommé cinq députés de l’opposition… C’est le réveil. » (chapitre 6)

Les invitations à Compiègne sont aussi rigoureusement exactes. Des personnalités étaient invitées à séjourner quelques jours en automne au château de Compiègne en compagnie de l’Empereur et de l’Impératrice, avec organisation de chasses en forêt et grands repas.

Et évidemment, il y a l’authentique attentat manqué contre l’Empereur du 14 janvier 1858. Zola choisi de faire de l’attentat, l’évènement qui va permettre à Eugène Rougon de revenir sur le devant de la scène politique, en l’incluant dans le roman. « Le lendemain soir, trois bombes éclataient sous la voiture de l’empereur, devant l’Opéra. Une épouvantable panique s’emparait de la foule entassée dans la rue Le Peletier. Plus de cinquante personnes étaient frappées. ». (chapitre 8). Cet attentat a été commis par un révolutionnaire italien et Zola fait effectivement à des italiens. « Ils parlaient dans un jargon à eux, que je ne comprenais pas d’abord. Mais, à certains mots, j’ai reconnu de l’italien. Tu sais, j’ai voyagé en Italie, pour les pâtes. Alors, je me suis appliqué, et j’ai compris, mon bon… Ce sont des messieurs qui sont venus à Paris pour assassiner l’empereur. Voilà ! » (chapitre 8).

Et puis comment ne pas apprécier le passage sur l’escapade d’Eugène Rougon à Niort, pour le premier coup de pioche d’une nouvelle voie ferrée. Un ami d’Eugène Rougon possède des hauts-fourneaux dans la région aimerait bien que la nouvelle ligne passa à proximité. Le projet a longuement été gelé lorsque Eugène Rougon n’était plus au pouvoir. Mais dès qu’il est revenu, curieusement, le décret pour la nouvelle voie ferrée était signé. A la base, il s’agit d’un abus de pouvoir scandaleux ! Mais dans le discours d’inauguration, les orateurs s’enflamment comme s’il s’agissait du plus grand projet national : « Il conta ses longs efforts, les études, les démarches qu’il avait dû faire pendant près de quatre ans, pour doter le pays d’une nouvelle voie ferrée. Maintenant, toutes les prospérités allaient pleuvoir sur le département ; les champs seraient fertilisés, les usines doubleraient leur fabrication, la vie commerciale pénétrerait jusque dans les plus humbles villages ; et il semblait, à l’entendre, que les Deux-Sèvres devenaient, sous ses mains élargies, une contrée de cocagne, avec des ruisseaux de lait et des bosquets enchantés, où des tables chargées de bonnes choses attendaient les passants. » Et sur la longueur des discours politiques : « - Messieurs, un dernier mot, dit-il après s’être essuyé les lèvres avec son mouchoir. Le dernier mot dura un quart d’heure. » On a les mêmes à notre époque !

J’ai bien aimé aussi la rivalité, présente dans tout le roman, entre Eugène Rougon et le comte de Marsy. Les deux personnes sont des adversaires politiques qui ne se font aucun cadeau. Mais pour autant, chacun respecte l’autre : « Marsy fait ses affaires, parbleu ! comme vous voulez faire les vôtres… » chapitre (2). « Marsy a très-bien conduit les élections. Vous avez tort de blâmer ses circulaires. La dernière surtout était d’une jolie force… » (chapitre 6). « Il [le compte de Marsy] retint un instant Rougon, se montra d’une politesse exquise. Toujours en lutte, opposés par leurs tempéraments, ces deux hommes forts se saluaient à l’issue de chacun de leurs duels, en adversaires d’égale science, se promettant d’éternelles revanches. Rougon avait blessé Marsy, Marsy venait de blesser Rougon, cela continuerait ainsi jusqu’à ce que l’un des deux restât sur le carreau. » (chapitre 13)

Donc, après tout ça, pourquoi ai-je un avis mitigé sur ce livre ? Je trouve que l’histoire n’est pas très crédible. Clorinde aime Eugène Rougon, mais veux être sa femme et pas sa maîtresse. Eugène Rougon aime Clorinde, mais n’en veux pas se marier avec elle mais seulement être son amant. Du coup, Eugène Rougon, comme pour lutter contre une tentation arrange un mariage entre elle et son meilleur ami. Ensuite, Clorinde couche avec tout le monde sauf avec Eugène Rougon. Elle couche même avec l’Empereur et c’est cela qui va lui permettre de se venger d’Eugène. L’Empereur aurait donc accepté la démission d’Eugène uniquement à cause de Clorinde…

Un deuxième point que je n’ai pas trouvé très crédible est le fait que l’Empereur semble être un idiot, complètement dépassé par les évènements. « L’empereur était arrivé près d’eux. Il resta là une minute, morne et hésitant. » « L’œil de l’empereur s’éteignit. Il continuait à hocher la tête. Puis, sourdement, d’une voix à peine distincte, il répéta : - Nous verrons… nous en causerons… » « Pendant qu’il parlait, l’empereur levait sur lui [Eugène Rougon] ses yeux mornes, où une lueur s’allumait. Il ne disait rien, il hochait la tête par moments. Puis, quand l’autre se tut : - Sans doute… on pourrait voir … » (chapitre 6). « L’empereur s’était remis à jouer avec le couteau à papier. » (chapitre 11). J’ai du mal à croire que l’homme qui a réussi à se faire élire Président de la République en 1848, qui a réussi un coup d’Etat, et qui en tout a dirigé la France pendant 22 ans ait aussi peu de conversation. Certes, Zola n’était pas bonapartiste.

Retrouvez mon résumé ici. Et donnez-moi votre avis dans les commentaires.

vendredi 11 novembre 2011

Son Excellence Eugène Rougon - Chronologie

Voici la chronologie de Son Excellence Eugène Rougon. La progression du temps dans le roman est continue, mis à part à deux endroits : après le mariage de Rougon (saut de plusieurs mois) et juste avant la conclusion du roman (saut de trois ans).

Retrouvez mon résumé ici et mon avis ici.

mardi 8 novembre 2011

Son Excellence Eugène Rougon - Résumé

Son Excellence Eugène Rougon est un roman centré sur l’aîné de la famille Rougon : Eugène. Personnage mystérieux, dont il est déjà fait allusion dans La Fortune des Rougon et La Conquête de Plassans. Il habite à Paris, il semble très proche de l’Empereur et il tire les ficelles de la vie politique locale de Plassans.

Nous apprenons assez rapidement qu’Eugène Rougon est le président du Conseil d’Etat. Il s’agit d’un organe dont les membres sont nommés directement par l’Empereur et dont le rôle est de préparer les lois. Le livre s’ouvre sur le jour au Eugène Rougon se retire de la vie politique. Il quitte son poste, officiellement pour des raisons de santé, mais en réalité il est désavoué par l’Empereur.

Nous faisons ensuite connaissance avec sa « bande ». Il s’agit d’ « amis », qu’Eugène affectionne, mais qui donnent l’impression de n’être là que pour profiter de son pouvoir. Ensuite, Zola présente ensuite le personnage de Clorinde Balbi. Il s’agit d’une belle italienne dont Eugène ferait bien sa maîtresse. Clorinde est également attiré par Eugène, mais plutôt dans l’optique de se marier avec lui. Eugène va donc lutter contre cette attirance en organisant le mariage de Clorinde avec un très bon ami à lui. Eugène va également se marier de son côté. Clorinde jurera de se venger d’Eugène.

Puis, alors que Rougon songeait à partir faire de la politique dans le département des Landes, l’Empereur lui fait signe de rester à Paris. Peu de temps après, à la suite d’un attentat manqué contre l’Empereur et d’un changement de gouvernement, il est nommé ministre de l’Intérieur. Il remonte donc sur le devant de la scène et en fait bénéficier de nouveau sa « bande ». Mais assez rapidement, Eugène est isolé en tant que ministre. Un jour, il envoie sa démission à l’Empereur avec l’espoir qu’elle sera refusée et que cela le renforcera. Mais Clorinde, devenue la maîtresse de l’Empereur va le convaincre de laisser partir Eugène. Elle tient sa vengeance.

La fin de roman se situe trois années plus tard, avec Eugène Rougon qui réussit une nouvelle fois à rebondir. Il est de nouveau nommé ministre. La conclusion du roman sera cette dernière phrase de Clorinde Balbi : « Vous êtes tout de même d’une jolie force, vous. »

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dimanche 6 novembre 2011

La Faute de l'abbé Mouret - Avis

La Faute de l’abbé Mouret (voir mon résumé ici) est découpé en trois livres. Chaque livre étant, comme le tome précédent, découpé en beaucoup de petits chapitres courts. Ainsi, le livre est très agréable à livre. Les livres 1 et 3 décrivent la vie à l’église. On parle de l’abbé Mouret. Par contre, le livre 2 est celui de la Faute, et là il s’agit de Serge Mouret.

Au premier chapitre, on a une profusion de détails sur la préparation de la messe. Je ne suis pas un spécialiste du sujet, mais il s’agit vraiment d’un passage très complet : « La Teuse, par-dessus la chasuble, étala l’étole, le manipule, le cordon, l’aube et l’amict. Mais elle continuait à bavarder, tout en s’appliquant à mettre le manipule en croix sur l’étole, et à disposer le cordon en guirlande, de façon à tracer l’initiale révérée du saint nom de Marie. ». Comme pour les fruits et légumes dans Le Ventre de Paris, Zola est toujours très précis !

Au chapitre 5, nous faisons aussi connaissance avec Frère Archangias, un religieux « dur » aux idées très arrêtées. Il a une vision très particulière des gens du village des Artaud. Il dit en parlant d’eux : « Laissez donc ! monsieur le curé, de la graine de damnés, ces crapauds-là ! On devrait leur casser les reins, pour les rendre agréables à Dieu. Ils poussent dans l’irréligion, comme leurs pères. Il y a quinze ans que je suis ici, et je n’ai pas encore pu faire un chrétien. […] ceux-là sont au diable. »

Au chapitre 8, Serge Mouret rencontre pour la première fois Albine et son oncle, un vieil athée. La discussion est enflammée et porte sur l’existence de Dieu. Puis Albine surgit de son grand domaine, le Paradou. Albine est une jeune fille fraîche, sensuelle et plutôt sauvage : « Elle avait une jupe orange, avec un grand fichu rouge attaché derrière la taille, ce qui lui donnait un air de bohémienne endimanchée. Et elle continuait à rire, la tête renversée, la gorge toute gonflée de gaieté, heureuse de ses fleurs, des fleurs sauvages tressées dans ses cheveux blonds, nouées à son cou, à son corsage, à ses bras minces, nus et dorés. » Ce passage annonce déjà que c’est avec Albine que Serge va commettre sa faute.

Le soir venu, Albine va aller rôder près de l’église pour revoir Serge. Frère Archangias, qui l’apercevra, aura des mots très durs envers elle : « Que le diable te prenne, fille de bandit ! Je te traînerai par les cheveux autour de l’église, si je t’attrape à venir jeter ici tes maléfices ! »

Le livre 2, est à mon avis, comme un vie en accéléré. Pendant sa convalescence Serge va « renaître ». Au début, il est comme un bébé, il reste au lit. Puis il va apprendre à se tenir debout, à marcher jusqu’à la fenêtre de sa chambre. Ensuite, avec Albine, il vont aller se promener dans le parterre de rosiers, dans le verger, dans les prairies, puis dans tout le Paradou. C’est comme l’enfance. Puis le temps des baisers va venir, avec les jalousies passagères. C’est comme l’adolescence. Puis, c’est la fin de l’adolescence, le début de l’âge adulte, avec la Faute. D’ailleurs cette « renaissance » et ce parcours rapide d’une vie de la naissance au passage à l’âge adulte lui permettent de guérir.

Le livre troisième s’ouvre sur l’abbé Mouret dans son église. Sa vie de prête a repris comme avant. Au chapitre 5, Frère Archangias et l’oncle d’Albine vont se croiser dans les rues du village. Il va s’ensuivre une scène très violente où l’abbé Mouret aura du mal à choisir son camp. « Ah ! le damné ! bégaya le Frère, cloué sur place, en arrêt. Le diable lui jette toute la braise de l’enfer sous les pieds.[…] Ah ! c’est toi, calotin ! J’aurais dû te flairer à l’odeur de ton cuir… Nous avons un compte à régler ensemble. »

Par la suite, Albine va essayer de revenir pour prendre Serge et l’amener avec lui. Un jour, Serge ira la retrouver dans le Paradou, mais l’envie n’y est pas. Il appartient maintenant totalement à Dieu. Albine comprend qu’elle ne parviendra plus jamais à revoir Serge et elle va donc se suicider. J’ai quand même un doute sur la méthode de suicide : prendre des tonnes de pétales de fleurs et les mettre dans sa chambre, calfeutrer la chambre et s’asphyxier avec les vapeurs des pétales…

La scène de l’enterrement d’Albine est assez violente aussi, car l’oncle arrive au milieu du cimetière et coupe brutalement l’oreille du Frère Archangias ! « il tira tranquillement un couteau de sa poche, l’ouvrit, et abattit, d’un seul coup, l’oreille droite du Frère. » Horrible !

J’ai bien aimé ce livre, bien que je ne pensais pas réussir à aller jusqu’au bout.

jeudi 3 novembre 2011

La Faute de l'abbé Mouret - Chronologie

Le livre premier de La Faute de l'abbé Mouret se déroule sur une seule journée. Le livre deuxième dure plus longtemps : Serge et Albine prenne quelques semaines pour faire connaissance. Le livre troisième se déroule sur une période de quelques jours.

Retrouvez mon résumé ici et mon avis ici.

mardi 1 novembre 2011

La Faute de l'abbé Mouret - Résumé

Après La Conquête de Plassans, qui nous a présenté la famille Mouret, nous retrouvons maintenant Serge Mouret, le fils cadet, dont nous savons déjà qu’il s’est fait prêtre. On retrouve aussi, avec plaisir, la sœur de Serge, Désirée, qui vit près de lui. Au début du roman, il exerce au village des Artaud, un village proche de Plassans en compagnie de la Teuse et de Frère Archangias. Il est sorti récemment du séminaire, et il découvre la vie « réelle ». Les Artaud est un village où les gens ne sont pas très pratiquants. Ils vont rarement à la messe. Au début du roman, une jeune fille, est déjà enceinte de son amant, et c’est une pratique courante aux Artaud. L’abbé Mouret va inciter les deux jeunes adultes à se marier. Puis, il ira, avec son oncle médecin, rendre visite à un vieillard qui vit seul avec sa nièce Albine, dans un grand domaine. A la fin de la première partie, l’abbé Mouret tombe malade.

La seconde partie raconte la convalescence de l’abbé Mouret, qui est devenu amnésique, et qui a donc oublié qu’il était prêtre. Elle a lieu dans le grand domaine qu’il a visité au livre premier et c’est Albine qui va s’occuper de le soigner. Elle a seize ans alors que l’abbé Mouret en a vingt-cinq. C’est évidemment dans ce large domaine, une sorte de jardin d’Eden, que va avoir lieu la Faute. Les futurs amants vont peu à peu apprendre à se connaître. A la fin du livre 2, l’abbé Mouret retrouve la mémoire, puis Frère Archangias le ramène dans l’église du village.

La troisième partie raconte comment l’abbé Mouret redevient prêtre et comme il réagit après la Faute. Il est étroitement surveillé par Frère Archangias. Albine va revenir dans l’église et essayer de convaincre l’abbé Mouret de fuir et de recommencer une nouvelle vie, ailleurs, avec elle. Mais l’abbé Mouret refusera. Un jour, il retournera quand même au domaine d’Albine, mais il lui manque l’envie/le courage/la motivation de tout quitter. Il rentre donc définitivement à l’église. Albine se suicide, car elle comprend qu’elle ne pourra jamais le ramener à elle. Le roman se termine sur l’enterrement d’Albine. C’est l’abbé Mouret, lui-même, qui se charge de la cérémonie.

Vous trouverez mon avis ici.