La Faute de l’abbé Mouret (voir mon résumé ici) est découpé en trois livres. Chaque livre étant, comme le tome précédent, découpé en beaucoup de petits chapitres courts. Ainsi, le livre est très agréable à livre. Les livres 1 et 3 décrivent la vie à l’église. On parle de l’abbé Mouret. Par contre, le livre 2 est celui de la Faute, et là il s’agit de Serge Mouret.
Au premier chapitre, on a une profusion de détails sur la préparation de la messe. Je ne suis pas un spécialiste du sujet, mais il s’agit vraiment d’un passage très complet : « La Teuse, par-dessus la chasuble, étala l’étole, le manipule, le cordon, l’aube et l’amict. Mais elle continuait à bavarder, tout en s’appliquant à mettre le manipule en croix sur l’étole, et à disposer le cordon en guirlande, de façon à tracer l’initiale révérée du saint nom de Marie. ». Comme pour les fruits et légumes dans Le Ventre de Paris, Zola est toujours très précis !
Au chapitre 5, nous faisons aussi connaissance avec Frère Archangias, un religieux « dur » aux idées très arrêtées. Il a une vision très particulière des gens du village des Artaud. Il dit en parlant d’eux : « Laissez donc ! monsieur le curé, de la graine de damnés, ces crapauds-là ! On devrait leur casser les reins, pour les rendre agréables à Dieu. Ils poussent dans l’irréligion, comme leurs pères. Il y a quinze ans que je suis ici, et je n’ai pas encore pu faire un chrétien. […] ceux-là sont au diable. »
Au chapitre 8, Serge Mouret rencontre pour la première fois Albine et son oncle, un vieil athée. La discussion est enflammée et porte sur l’existence de Dieu. Puis Albine surgit de son grand domaine, le Paradou. Albine est une jeune fille fraîche, sensuelle et plutôt sauvage : « Elle avait une jupe orange, avec un grand fichu rouge attaché derrière la taille, ce qui lui donnait un air de bohémienne endimanchée. Et elle continuait à rire, la tête renversée, la gorge toute gonflée de gaieté, heureuse de ses fleurs, des fleurs sauvages tressées dans ses cheveux blonds, nouées à son cou, à son corsage, à ses bras minces, nus et dorés. » Ce passage annonce déjà que c’est avec Albine que Serge va commettre sa faute.
Le soir venu, Albine va aller rôder près de l’église pour revoir Serge. Frère Archangias, qui l’apercevra, aura des mots très durs envers elle : « Que le diable te prenne, fille de bandit ! Je te traînerai par les cheveux autour de l’église, si je t’attrape à venir jeter ici tes maléfices ! »
Le livre 2, est à mon avis, comme un vie en accéléré. Pendant sa convalescence Serge va « renaître ». Au début, il est comme un bébé, il reste au lit. Puis il va apprendre à se tenir debout, à marcher jusqu’à la fenêtre de sa chambre. Ensuite, avec Albine, il vont aller se promener dans le parterre de rosiers, dans le verger, dans les prairies, puis dans tout le Paradou. C’est comme l’enfance. Puis le temps des baisers va venir, avec les jalousies passagères. C’est comme l’adolescence. Puis, c’est la fin de l’adolescence, le début de l’âge adulte, avec la Faute. D’ailleurs cette « renaissance » et ce parcours rapide d’une vie de la naissance au passage à l’âge adulte lui permettent de guérir.
Le livre troisième s’ouvre sur l’abbé Mouret dans son église. Sa vie de prête a repris comme avant. Au chapitre 5, Frère Archangias et l’oncle d’Albine vont se croiser dans les rues du village. Il va s’ensuivre une scène très violente où l’abbé Mouret aura du mal à choisir son camp. « Ah ! le damné ! bégaya le Frère, cloué sur place, en arrêt. Le diable lui jette toute la braise de l’enfer sous les pieds.[…] Ah ! c’est toi, calotin ! J’aurais dû te flairer à l’odeur de ton cuir… Nous avons un compte à régler ensemble. »
Par la suite, Albine va essayer de revenir pour prendre Serge et l’amener avec lui. Un jour, Serge ira la retrouver dans le Paradou, mais l’envie n’y est pas. Il appartient maintenant totalement à Dieu. Albine comprend qu’elle ne parviendra plus jamais à revoir Serge et elle va donc se suicider. J’ai quand même un doute sur la méthode de suicide : prendre des tonnes de pétales de fleurs et les mettre dans sa chambre, calfeutrer la chambre et s’asphyxier avec les vapeurs des pétales…
La scène de l’enterrement d’Albine est assez violente aussi, car l’oncle arrive au milieu du cimetière et coupe brutalement l’oreille du Frère Archangias ! « il tira tranquillement un couteau de sa poche, l’ouvrit, et abattit, d’un seul coup, l’oreille droite du Frère. » Horrible !
J’ai bien aimé ce livre, bien que je ne pensais pas réussir à aller jusqu’au bout.
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