Dans Pot-Bouille (qui est résumé ici), Zola veut présenter ce qui se cache derrière la façade correcte d’un bel immeuble bourgeois. Le thème de l’apparence est omniprésent : les portes d’acajou, l’escalier chauffé. Tout est fait pour paraître « bien sous tout rapports ». Alors qu’en vérité la vie est différente : maîtresses, problèmes d’argent, lutte sans merci pour l’héritage, ménage à trois… Il y a aussi cette « jolie dame » qui est là de temps en temps et qui, a priori, vient tout simplement rendre visite à son amant dans sa garçonnière.
Ce livre m’a rappelé les romans d’apprentissage que j’avais lu quand j’étais adolescent. On y retrouve un certain nombre d’aspects : le héros vient de Province, il est ambitieux, il veut réussir par les femmes. Au premier chapitre de Pot-Bouille, on a la présentation de toutes les femmes qu’Octave va essayer de séduire : « ses idées se brouillèrent davantage, il vit passer des ombres : la petite madame Pichon, sa voisine, avec ses regards vides et clairs ; la belle madame Hédouin, correcte et sérieuse dans sa robe noire ; et les yeux ardents de madame Valérie ; et le rire gai de mademoiselle Josserand. » (chapitre 1). Cette présentation est en quelque sorte une annonce prémonitoire.
Au chapitre 6, un passage intéressant est celui où l’on découvre l’étage des bonnes. On y retrouve beaucoup d’aspect des chambres de bonnes parisiennes d’aujourd’hui : chambres petites, avec seulement un lit, cloisons très fines. Mais les bonnes de l’époque ne remontaient dans leur chambre le soir uniquement pour dormir… « Et vous savez, maintenant, dans toutes les maisons, les cloisons des chambres de bonne sont ainsi, minces comme des feuilles de papier. […] on ne peut même remuer dans son lit… Je trouve ça très incommode. »
Un peu plus tard dans le roman, lors de la mort de Vabre, Mme Duveyrier est seule avec Octave et son père, mourant. Son mari est absent, officiellement parce qu’il travaille sur « le rapport de l’affaire de la rue de Provence ». En vérité, il est chez sa maîtresse et se femme le sait très bien. Elle fait juste semblant de ne pas le savoir. Cela pourrait heurter les convenances. « - Vous savez, rue de la Cerisaie… Tous nos amis le savent. » (chapitre 10)
Un passage que j’ai trouvé très impressionnant est le début du chapitre 18. Adèle, une bonne, est tombée enceinte. Personne ne s’en est aperçu et Zola décrit son accouchement, seule, dans sa chambre de bonne. Tout est décrit avec une banalité, tout est très ordinaire… Mais, quand on lit ce passage, on souffre vraiment pour la pauvre Adèle : « Quatre heures venaient de sonner, lorsque, tout d’un coup, elle crut que son ventre crevait. Au milieu d’une douleur, il y eut une rupture, des eaux ruisselèrent, ses bas furent trempés. ». Et finalement, l’enfant est emballé dans du papier journal et abandonné dans la rue le plus simplement du monde. A peine si elle prend le temps de regarder si c’est une fille ou un garçon. « elle put sortir, […] aller poser son paquet dans le passage Choiseul dont on ouvrait les grilles, puis remonter tranquillement. ». Edifiant !
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mardi 10 avril 2012
samedi 3 mars 2012
Nana - Avis
Le roman Nana est consacré à Anna Coupeau, la fille de Gervaise Macquart et de Coupeau dont on assiste à la naissance, dans l’Assommoir.
J’ai particulièrement apprécié le chapitre 2 et le contraste qu’il y a par rapport au chapitre 1, dans lequel Nana est une star inaccessible. Au début du roman, elle est sur scène et on ne la voit qu’à travers les gens qui se trouvent dans le public. Au contraire, dans le chapitre 2, on se réveille avec elle, on la voit se laver, s’habiller, on est beaucoup plus proche d’elle. Du coup, le lecteur a l’impression de pénétrer dans l’intimité d’une vedette.
Un thème revient aussi beaucoup à l’intérieur du roman : le thème de la pourriture issue du bas-peuple qui réussi à venger sa condition en allant corrompre les plus hautes sphères de la société. Cette pourriture, c’est Nana : elle a grandi des les quartiers ouvriers, ses parents étaient alcooliques. Elle est réussit à venger le peuple en ruinant plusieurs de ses riches amants et en faisant perdre la tête aux autres. Zola en parle notamment dans l’article écrit par Fauchery, intitulé La Mouche d’Or : « Elle avait poussé dans un faubourg, sur le pavé parisien ; et, grande, belle, de chair superbe ainsi qu’une plante de plein fumier, elle vengeait les gueux et les abandonnés dont elle était le produit. Avec elle, la pourriture qu’on laissait fermenter dans le peuple remontait et pourrissait l’aristocratie. » (chapitre 7). Et le thème est de nouveau abordé à la fin du roman : « Son œuvre de ruine et de mort était faite, la mouche envolée de l’ordure des faubourgs, apportant le ferment des pourritures sociales, avait empoisonné ces hommes, rien qu’à se poser sur eux. C’était bien, c’était juste, elle avait vengé son monde, les gueux et les abandonnés. » (chapitre 13)
Une chose qui m’a frappée, aussi, c’est le fait que les deux mondes différents, celui des prostituées et celui des gens aisés, se côtoient, se connaissent et ont finalement les mêmes vices. La comtesse Sabine, femme de haut rang dans la société, a elle-même un amant. Et tous les hommes du roman (Muffat, Vandeuvres, Steiner, La Faloise) dépensent beaucoup d’argent chez les prostituées. Pourtant les deux mondes font mine de s’ignorer quand ils se croisent, comme dans la scène du pont : « Les voitures avaient passé au milieu de ce malaise de gens qui se connaissaient et qui ne se saluaient pas. Cette rencontre délicate, si rapide, semblait s’être éternisée. » (chapitre 6)
J’ai eu aussi, beaucoup de peine pour le personnage de Georges. Le pauvre homme a l’air d’être sincèrement amoureux de Nana. D’ailleurs, il est l’un des amants que Nana préfère (avec Daguenet) comme elle le dit elle-même. Quand Nana est à la campagne, il est prêt à aller la voir en marchant longuement sous la pluie. C’est avec lui que Nana hésite à se retirer et à arrêter sa vie de courtisane. Mais c’est d’un amour impossible dont il s’agit. Le destin de Nana est bien au milieu de tous ses hommes. Et la famille de Georges, en particulier sa mère, est opposé à cette relation. Lors de la scène du pont, au chapitre 6, Georges a très peur que sa mère le reconnaisse. Un peu plus tard, à Paris, Georges va continuer de fréquenter Nana, mais finalement, la tristesse l’emportera. Il se suicidera devant la porte de sa chambre.
Lisez Nana ! Vous trouverez aussi mon résumé ici.
J’ai particulièrement apprécié le chapitre 2 et le contraste qu’il y a par rapport au chapitre 1, dans lequel Nana est une star inaccessible. Au début du roman, elle est sur scène et on ne la voit qu’à travers les gens qui se trouvent dans le public. Au contraire, dans le chapitre 2, on se réveille avec elle, on la voit se laver, s’habiller, on est beaucoup plus proche d’elle. Du coup, le lecteur a l’impression de pénétrer dans l’intimité d’une vedette.
Un thème revient aussi beaucoup à l’intérieur du roman : le thème de la pourriture issue du bas-peuple qui réussi à venger sa condition en allant corrompre les plus hautes sphères de la société. Cette pourriture, c’est Nana : elle a grandi des les quartiers ouvriers, ses parents étaient alcooliques. Elle est réussit à venger le peuple en ruinant plusieurs de ses riches amants et en faisant perdre la tête aux autres. Zola en parle notamment dans l’article écrit par Fauchery, intitulé La Mouche d’Or : « Elle avait poussé dans un faubourg, sur le pavé parisien ; et, grande, belle, de chair superbe ainsi qu’une plante de plein fumier, elle vengeait les gueux et les abandonnés dont elle était le produit. Avec elle, la pourriture qu’on laissait fermenter dans le peuple remontait et pourrissait l’aristocratie. » (chapitre 7). Et le thème est de nouveau abordé à la fin du roman : « Son œuvre de ruine et de mort était faite, la mouche envolée de l’ordure des faubourgs, apportant le ferment des pourritures sociales, avait empoisonné ces hommes, rien qu’à se poser sur eux. C’était bien, c’était juste, elle avait vengé son monde, les gueux et les abandonnés. » (chapitre 13)
Une chose qui m’a frappée, aussi, c’est le fait que les deux mondes différents, celui des prostituées et celui des gens aisés, se côtoient, se connaissent et ont finalement les mêmes vices. La comtesse Sabine, femme de haut rang dans la société, a elle-même un amant. Et tous les hommes du roman (Muffat, Vandeuvres, Steiner, La Faloise) dépensent beaucoup d’argent chez les prostituées. Pourtant les deux mondes font mine de s’ignorer quand ils se croisent, comme dans la scène du pont : « Les voitures avaient passé au milieu de ce malaise de gens qui se connaissaient et qui ne se saluaient pas. Cette rencontre délicate, si rapide, semblait s’être éternisée. » (chapitre 6)
J’ai eu aussi, beaucoup de peine pour le personnage de Georges. Le pauvre homme a l’air d’être sincèrement amoureux de Nana. D’ailleurs, il est l’un des amants que Nana préfère (avec Daguenet) comme elle le dit elle-même. Quand Nana est à la campagne, il est prêt à aller la voir en marchant longuement sous la pluie. C’est avec lui que Nana hésite à se retirer et à arrêter sa vie de courtisane. Mais c’est d’un amour impossible dont il s’agit. Le destin de Nana est bien au milieu de tous ses hommes. Et la famille de Georges, en particulier sa mère, est opposé à cette relation. Lors de la scène du pont, au chapitre 6, Georges a très peur que sa mère le reconnaisse. Un peu plus tard, à Paris, Georges va continuer de fréquenter Nana, mais finalement, la tristesse l’emportera. Il se suicidera devant la porte de sa chambre.
Lisez Nana ! Vous trouverez aussi mon résumé ici.
jeudi 2 février 2012
Une Page d'Amour - Avis
Une Page d’Amour est une sorte de pause entre L’Assommoir et Nana, deux romans dont l’un est presque la suite de l’autre. Il traite de l’Amour : l’Amour entre les hommes et les femmes, mais aussi l’Amour filial entre une fille et sa mère.
Le tout début du roman décrit un maison calme, la nuit. Mais quelques lignes plus bas, l’action devient assez brutale. Hélène qui somnolait au chevet de sa fille Jeanne, est réveillée en sursaut par une de ses crises. Elle panique, elle pense que sa fille va mourir, elle sort dehors dans le froid pour chercher un médecin. Le passage brusque du calme a la tempête m’a surpris. Il est très impressionnant et lance le roman.
Un moment assez marquant dans le roman est celui où l’abbé Jouve conseille à Hélène de se remarier avec son frère M Rambaud. Au début, l’atmosphère du dîner est assez lourde, on sent que quelque chose va se produire. Puis, l’abbé Jouve prend Hélène à part pour lui faire part de son idée. Hélène ne s’y attendait pas du tout. Et puis, elle commence doucement à tomber amoureuse du docteur Deberle, donc cette proposition la prend totalement de court. Elle refuse nettement. « Non, non, je ne veux pas… Que me conseillez-vous là, mon ami !… Jamais, entendez-vous, jamais ! Tout son cœur se soulevait, elle était effrayée elle-même de la violence de son refus. » (deuxième partie)
Quelques pages plus loin, ce sera le docteur Deberle qui fera sa déclaration à Hélène. « - Je vous aime ! Oh ! je vous aime ! répéta Henri. […] Henri l’avait suivie. Il osa lui prendre les poignets, au risque d’un scandale, avec un visage si bouleversé par la passion, qu’elle en tremblait. » Hélène, boulversée, ne pourra plus désormais ignorer cet amour. J’ai trouvé cette déclaration du docteur Deberle très « vieille école », ça m’a même fait pensé à une amourette entre deux collégiens. Mais peut-être était-ce réellement les codes de cette époque ? Ou bien Zola a romancé ce passage ?
Les circonstances qui font qu’Hélène va avouer son amour sont touchantes. Jeanne a fait une grave crise et sa vie est vraiment en danger. Le docteur et Hélène passent beaucoup de temps ensemble auprès de Jeanne. Cela les rapproche considérablement. « Pourtant, à chaque minute, leurs cœurs se fondaient davantage l’un dans l’autre. Ils ne vivaient plus que de la même pensée. » (troisième partie).
J’ai trouvée la journée du double rendez vous entre Malignon et Mme Deberle d’une part et entre Hélène et le docteur d’autre part assez peu crédible. C’est très romancé, très rocambolesque, on dirait un vaudeville. Je n’avais pas l’impression de lire un roman de Zola.
Retrouvez mon résumé ici. Et donnez-moi votre avis dans les commentaires.
Le tout début du roman décrit un maison calme, la nuit. Mais quelques lignes plus bas, l’action devient assez brutale. Hélène qui somnolait au chevet de sa fille Jeanne, est réveillée en sursaut par une de ses crises. Elle panique, elle pense que sa fille va mourir, elle sort dehors dans le froid pour chercher un médecin. Le passage brusque du calme a la tempête m’a surpris. Il est très impressionnant et lance le roman.
Un moment assez marquant dans le roman est celui où l’abbé Jouve conseille à Hélène de se remarier avec son frère M Rambaud. Au début, l’atmosphère du dîner est assez lourde, on sent que quelque chose va se produire. Puis, l’abbé Jouve prend Hélène à part pour lui faire part de son idée. Hélène ne s’y attendait pas du tout. Et puis, elle commence doucement à tomber amoureuse du docteur Deberle, donc cette proposition la prend totalement de court. Elle refuse nettement. « Non, non, je ne veux pas… Que me conseillez-vous là, mon ami !… Jamais, entendez-vous, jamais ! Tout son cœur se soulevait, elle était effrayée elle-même de la violence de son refus. » (deuxième partie)
Quelques pages plus loin, ce sera le docteur Deberle qui fera sa déclaration à Hélène. « - Je vous aime ! Oh ! je vous aime ! répéta Henri. […] Henri l’avait suivie. Il osa lui prendre les poignets, au risque d’un scandale, avec un visage si bouleversé par la passion, qu’elle en tremblait. » Hélène, boulversée, ne pourra plus désormais ignorer cet amour. J’ai trouvé cette déclaration du docteur Deberle très « vieille école », ça m’a même fait pensé à une amourette entre deux collégiens. Mais peut-être était-ce réellement les codes de cette époque ? Ou bien Zola a romancé ce passage ?
Les circonstances qui font qu’Hélène va avouer son amour sont touchantes. Jeanne a fait une grave crise et sa vie est vraiment en danger. Le docteur et Hélène passent beaucoup de temps ensemble auprès de Jeanne. Cela les rapproche considérablement. « Pourtant, à chaque minute, leurs cœurs se fondaient davantage l’un dans l’autre. Ils ne vivaient plus que de la même pensée. » (troisième partie).
J’ai trouvée la journée du double rendez vous entre Malignon et Mme Deberle d’une part et entre Hélène et le docteur d’autre part assez peu crédible. C’est très romancé, très rocambolesque, on dirait un vaudeville. Je n’avais pas l’impression de lire un roman de Zola.
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lundi 9 janvier 2012
L'Assommoir - Avis
J’avais déjà lu ce livre il y a quinze ans. Et je n’en avais pas beaucoup de souvenirs… Ce roman dépeint le monde ouvrier. La pauvreté et l’alcoolisme sont omniprésents, même si on croise certains ouvriers qui s’en sortent, comme Goujet.
Je trouve que le moment du roman qui reflète le mieux le manque criant d’argent c’est quand Coupeau et Gervaise font les préparatifs de leur mariage. En effet, très peu de personnes sont invités à la noce : les deux sœurs de Coupeau, leurs maris, quelques amis. Une douzaine de personne en tout. Mairie et église le matin, suivi qu’un petit repas le midi, qui devait être un pique-nique. Et un repas le soir. Et Zola a une manière très simple de faire comprendre que la pauvreté est partout : il précise toujours le prix de chaque chose. Ainsi, au début du chapitre 3, tout est compté : « Elle avait une grosse envie d’un petit mantelet de soie, affiché treize francs, rue du Faubourg-Poissonnière. Elle se le paya, puis racheta pour dix francs au mari d’une blanchisseuse, morte dans la maison de madame Fauconnier, une robe de laine gros bleu, qu’elle refit complètement à sa taille. Avec les sept francs qui restaient, elle eut une paire de gants de coton, une rose pour son bonnet et des souliers pour son aîné Claude. » (chapitre 3) Et dire que, dans La Curée, Rénée dépense plus de 257 000 francs chez ton tailleur…
La noce de Gervaise et Coupeau ne se déroule pas comme prévu, en raison de la pluie. Ils décident de manger rapidement et d’aller visite le Louvre. Un groupe d’ouvriers visitant le Louvre du temps de Zola ! On voit vraiment le décalage ! Ils se perdent dans le musée, ils ne comprennent pas grand-chose aux tableaux… etc… Cela se ressent dans le style « Que de tableaux, sacredié ! ça ne finissait pas. Il devait y en avoir pour de l’argent. Puis, au bout, M. Madinier les arrêta brusquement devant le Radeau de la Méduse ; et il leur expliqua le sujet. Tous, saisis, immobiles, se taisaient. Quand on se remit à marcher, Boche résuma le sentiment général : c’était tapé. » (chapitre 3)
Dans mon souvenir, je croyais que Gervaise était alcoolique pendant tout le roman. Mais au début de L’Assommoir, Gervaise ne boit pratiquement pas d’alcool. Elle explique que c’est parce qu’elle en a tellement bu étant petite « Et elle raconta qu’autrefois, avec sa mère, elle buvait de l’anisette, à Plassans. Mais elle avait failli en mourir un jour, et ça l’avait dégoûtée ; elle ne pouvait plus voir les liqueurs. » Chapitre 2. Un extrait de La Fortune des Rougon, au chapitre 4, confirme que Gervaise a bu pendant son enfance. « Pour se consoler, elle [Fine, la mère de Gervaise] achetait un litre d’anisette, elle buvait le soir des petits verres avec sa fille, tandis qu’Antoine [Antoine, le père de Gervaise] retournait au café.» L’hérédité.
Un autre passage que j’ai bien aimé est celui de la fête de Gervaise, où les Coupeau cuisinent une oie à leurs invités. L’alcool coule à flot lors de cette soirée, et cela est très bien rendu par le récit de Zola. « Oui, oui, on allait chanter ! Chacun dirait la sienne. C’était plus amusant que tout. Et la société s’accouda sur la table, se renversa contre les dossiers des chaises, hochant le menton aux bons endroits, buvant un coup aux refrains. » (chapitre 7)
Lors de la description de la crise de folie de Coupeau, on retrouve un thème que Zola avait déjà abordé dans La Conquête de Plassans : le fait que la folie donne une force surhumaine. Coupeau est inépuisable, il arrive à danser et à crier sans s’arrêter pendant 3 jours de suite, sans dormir. Et Mouret avait, lui aussi, des facultés physiques décuplées par sa folie.
Retrouvez mon résumé ici. Et donnez-moi votre avis dans les commentaires.
Je trouve que le moment du roman qui reflète le mieux le manque criant d’argent c’est quand Coupeau et Gervaise font les préparatifs de leur mariage. En effet, très peu de personnes sont invités à la noce : les deux sœurs de Coupeau, leurs maris, quelques amis. Une douzaine de personne en tout. Mairie et église le matin, suivi qu’un petit repas le midi, qui devait être un pique-nique. Et un repas le soir. Et Zola a une manière très simple de faire comprendre que la pauvreté est partout : il précise toujours le prix de chaque chose. Ainsi, au début du chapitre 3, tout est compté : « Elle avait une grosse envie d’un petit mantelet de soie, affiché treize francs, rue du Faubourg-Poissonnière. Elle se le paya, puis racheta pour dix francs au mari d’une blanchisseuse, morte dans la maison de madame Fauconnier, une robe de laine gros bleu, qu’elle refit complètement à sa taille. Avec les sept francs qui restaient, elle eut une paire de gants de coton, une rose pour son bonnet et des souliers pour son aîné Claude. » (chapitre 3) Et dire que, dans La Curée, Rénée dépense plus de 257 000 francs chez ton tailleur…
La noce de Gervaise et Coupeau ne se déroule pas comme prévu, en raison de la pluie. Ils décident de manger rapidement et d’aller visite le Louvre. Un groupe d’ouvriers visitant le Louvre du temps de Zola ! On voit vraiment le décalage ! Ils se perdent dans le musée, ils ne comprennent pas grand-chose aux tableaux… etc… Cela se ressent dans le style « Que de tableaux, sacredié ! ça ne finissait pas. Il devait y en avoir pour de l’argent. Puis, au bout, M. Madinier les arrêta brusquement devant le Radeau de la Méduse ; et il leur expliqua le sujet. Tous, saisis, immobiles, se taisaient. Quand on se remit à marcher, Boche résuma le sentiment général : c’était tapé. » (chapitre 3)
Dans mon souvenir, je croyais que Gervaise était alcoolique pendant tout le roman. Mais au début de L’Assommoir, Gervaise ne boit pratiquement pas d’alcool. Elle explique que c’est parce qu’elle en a tellement bu étant petite « Et elle raconta qu’autrefois, avec sa mère, elle buvait de l’anisette, à Plassans. Mais elle avait failli en mourir un jour, et ça l’avait dégoûtée ; elle ne pouvait plus voir les liqueurs. » Chapitre 2. Un extrait de La Fortune des Rougon, au chapitre 4, confirme que Gervaise a bu pendant son enfance. « Pour se consoler, elle [Fine, la mère de Gervaise] achetait un litre d’anisette, elle buvait le soir des petits verres avec sa fille, tandis qu’Antoine [Antoine, le père de Gervaise] retournait au café.» L’hérédité.
Un autre passage que j’ai bien aimé est celui de la fête de Gervaise, où les Coupeau cuisinent une oie à leurs invités. L’alcool coule à flot lors de cette soirée, et cela est très bien rendu par le récit de Zola. « Oui, oui, on allait chanter ! Chacun dirait la sienne. C’était plus amusant que tout. Et la société s’accouda sur la table, se renversa contre les dossiers des chaises, hochant le menton aux bons endroits, buvant un coup aux refrains. » (chapitre 7)
Lors de la description de la crise de folie de Coupeau, on retrouve un thème que Zola avait déjà abordé dans La Conquête de Plassans : le fait que la folie donne une force surhumaine. Coupeau est inépuisable, il arrive à danser et à crier sans s’arrêter pendant 3 jours de suite, sans dormir. Et Mouret avait, lui aussi, des facultés physiques décuplées par sa folie.
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dimanche 13 novembre 2011
Son Excellence Eugène Rougon - Avis
J’ai un avis mitigé sur ce livre. Mais pour commencer, voyons ce que j’ai aimé.
Il a les allusions aux évènements politiques réels qui se sont déroulés pendant cette période. Zola parle ainsi du baptême du prince impérial (14 juin 1856) avec énormément de détails : il précise que toutes les familles d’enfant nés le même jours que le prince avaient cinquante mille francs, que des médailles avaient été tirées pour commémorer l’évènement, etc… Il décrit aussi le chemin du cortège entre les Tuileries et Notre-Dame. Par contre, je n’ai pas réussi à savoir ce qu’était l’île Saint-Philippe dont Zola parle au début du chapitre 4. (Peut-être, l’île de la Cité ?)
Zola nous parle aussi des élections législatives de 1857, où tous les élus sont des candidats officiels de l’Empire, sauf les cinq députés républicains élus à Paris. « Paris n’en a pas moins nommé cinq députés de l’opposition… C’est le réveil. » (chapitre 6)
Les invitations à Compiègne sont aussi rigoureusement exactes. Des personnalités étaient invitées à séjourner quelques jours en automne au château de Compiègne en compagnie de l’Empereur et de l’Impératrice, avec organisation de chasses en forêt et grands repas.
Et évidemment, il y a l’authentique attentat manqué contre l’Empereur du 14 janvier 1858. Zola choisi de faire de l’attentat, l’évènement qui va permettre à Eugène Rougon de revenir sur le devant de la scène politique, en l’incluant dans le roman. « Le lendemain soir, trois bombes éclataient sous la voiture de l’empereur, devant l’Opéra. Une épouvantable panique s’emparait de la foule entassée dans la rue Le Peletier. Plus de cinquante personnes étaient frappées. ». (chapitre 8). Cet attentat a été commis par un révolutionnaire italien et Zola fait effectivement à des italiens. « Ils parlaient dans un jargon à eux, que je ne comprenais pas d’abord. Mais, à certains mots, j’ai reconnu de l’italien. Tu sais, j’ai voyagé en Italie, pour les pâtes. Alors, je me suis appliqué, et j’ai compris, mon bon… Ce sont des messieurs qui sont venus à Paris pour assassiner l’empereur. Voilà ! » (chapitre 8).
Et puis comment ne pas apprécier le passage sur l’escapade d’Eugène Rougon à Niort, pour le premier coup de pioche d’une nouvelle voie ferrée. Un ami d’Eugène Rougon possède des hauts-fourneaux dans la région aimerait bien que la nouvelle ligne passa à proximité. Le projet a longuement été gelé lorsque Eugène Rougon n’était plus au pouvoir. Mais dès qu’il est revenu, curieusement, le décret pour la nouvelle voie ferrée était signé. A la base, il s’agit d’un abus de pouvoir scandaleux ! Mais dans le discours d’inauguration, les orateurs s’enflamment comme s’il s’agissait du plus grand projet national : « Il conta ses longs efforts, les études, les démarches qu’il avait dû faire pendant près de quatre ans, pour doter le pays d’une nouvelle voie ferrée. Maintenant, toutes les prospérités allaient pleuvoir sur le département ; les champs seraient fertilisés, les usines doubleraient leur fabrication, la vie commerciale pénétrerait jusque dans les plus humbles villages ; et il semblait, à l’entendre, que les Deux-Sèvres devenaient, sous ses mains élargies, une contrée de cocagne, avec des ruisseaux de lait et des bosquets enchantés, où des tables chargées de bonnes choses attendaient les passants. » Et sur la longueur des discours politiques : « - Messieurs, un dernier mot, dit-il après s’être essuyé les lèvres avec son mouchoir. Le dernier mot dura un quart d’heure. » On a les mêmes à notre époque !
J’ai bien aimé aussi la rivalité, présente dans tout le roman, entre Eugène Rougon et le comte de Marsy. Les deux personnes sont des adversaires politiques qui ne se font aucun cadeau. Mais pour autant, chacun respecte l’autre : « Marsy fait ses affaires, parbleu ! comme vous voulez faire les vôtres… » chapitre (2). « Marsy a très-bien conduit les élections. Vous avez tort de blâmer ses circulaires. La dernière surtout était d’une jolie force… » (chapitre 6). « Il [le compte de Marsy] retint un instant Rougon, se montra d’une politesse exquise. Toujours en lutte, opposés par leurs tempéraments, ces deux hommes forts se saluaient à l’issue de chacun de leurs duels, en adversaires d’égale science, se promettant d’éternelles revanches. Rougon avait blessé Marsy, Marsy venait de blesser Rougon, cela continuerait ainsi jusqu’à ce que l’un des deux restât sur le carreau. » (chapitre 13)
Donc, après tout ça, pourquoi ai-je un avis mitigé sur ce livre ? Je trouve que l’histoire n’est pas très crédible. Clorinde aime Eugène Rougon, mais veux être sa femme et pas sa maîtresse. Eugène Rougon aime Clorinde, mais n’en veux pas se marier avec elle mais seulement être son amant. Du coup, Eugène Rougon, comme pour lutter contre une tentation arrange un mariage entre elle et son meilleur ami. Ensuite, Clorinde couche avec tout le monde sauf avec Eugène Rougon. Elle couche même avec l’Empereur et c’est cela qui va lui permettre de se venger d’Eugène. L’Empereur aurait donc accepté la démission d’Eugène uniquement à cause de Clorinde…
Un deuxième point que je n’ai pas trouvé très crédible est le fait que l’Empereur semble être un idiot, complètement dépassé par les évènements. « L’empereur était arrivé près d’eux. Il resta là une minute, morne et hésitant. » « L’œil de l’empereur s’éteignit. Il continuait à hocher la tête. Puis, sourdement, d’une voix à peine distincte, il répéta : - Nous verrons… nous en causerons… » « Pendant qu’il parlait, l’empereur levait sur lui [Eugène Rougon] ses yeux mornes, où une lueur s’allumait. Il ne disait rien, il hochait la tête par moments. Puis, quand l’autre se tut : - Sans doute… on pourrait voir … » (chapitre 6). « L’empereur s’était remis à jouer avec le couteau à papier. » (chapitre 11). J’ai du mal à croire que l’homme qui a réussi à se faire élire Président de la République en 1848, qui a réussi un coup d’Etat, et qui en tout a dirigé la France pendant 22 ans ait aussi peu de conversation. Certes, Zola n’était pas bonapartiste.
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Il a les allusions aux évènements politiques réels qui se sont déroulés pendant cette période. Zola parle ainsi du baptême du prince impérial (14 juin 1856) avec énormément de détails : il précise que toutes les familles d’enfant nés le même jours que le prince avaient cinquante mille francs, que des médailles avaient été tirées pour commémorer l’évènement, etc… Il décrit aussi le chemin du cortège entre les Tuileries et Notre-Dame. Par contre, je n’ai pas réussi à savoir ce qu’était l’île Saint-Philippe dont Zola parle au début du chapitre 4. (Peut-être, l’île de la Cité ?)
Zola nous parle aussi des élections législatives de 1857, où tous les élus sont des candidats officiels de l’Empire, sauf les cinq députés républicains élus à Paris. « Paris n’en a pas moins nommé cinq députés de l’opposition… C’est le réveil. » (chapitre 6)
Les invitations à Compiègne sont aussi rigoureusement exactes. Des personnalités étaient invitées à séjourner quelques jours en automne au château de Compiègne en compagnie de l’Empereur et de l’Impératrice, avec organisation de chasses en forêt et grands repas.
Et évidemment, il y a l’authentique attentat manqué contre l’Empereur du 14 janvier 1858. Zola choisi de faire de l’attentat, l’évènement qui va permettre à Eugène Rougon de revenir sur le devant de la scène politique, en l’incluant dans le roman. « Le lendemain soir, trois bombes éclataient sous la voiture de l’empereur, devant l’Opéra. Une épouvantable panique s’emparait de la foule entassée dans la rue Le Peletier. Plus de cinquante personnes étaient frappées. ». (chapitre 8). Cet attentat a été commis par un révolutionnaire italien et Zola fait effectivement à des italiens. « Ils parlaient dans un jargon à eux, que je ne comprenais pas d’abord. Mais, à certains mots, j’ai reconnu de l’italien. Tu sais, j’ai voyagé en Italie, pour les pâtes. Alors, je me suis appliqué, et j’ai compris, mon bon… Ce sont des messieurs qui sont venus à Paris pour assassiner l’empereur. Voilà ! » (chapitre 8).
Et puis comment ne pas apprécier le passage sur l’escapade d’Eugène Rougon à Niort, pour le premier coup de pioche d’une nouvelle voie ferrée. Un ami d’Eugène Rougon possède des hauts-fourneaux dans la région aimerait bien que la nouvelle ligne passa à proximité. Le projet a longuement été gelé lorsque Eugène Rougon n’était plus au pouvoir. Mais dès qu’il est revenu, curieusement, le décret pour la nouvelle voie ferrée était signé. A la base, il s’agit d’un abus de pouvoir scandaleux ! Mais dans le discours d’inauguration, les orateurs s’enflamment comme s’il s’agissait du plus grand projet national : « Il conta ses longs efforts, les études, les démarches qu’il avait dû faire pendant près de quatre ans, pour doter le pays d’une nouvelle voie ferrée. Maintenant, toutes les prospérités allaient pleuvoir sur le département ; les champs seraient fertilisés, les usines doubleraient leur fabrication, la vie commerciale pénétrerait jusque dans les plus humbles villages ; et il semblait, à l’entendre, que les Deux-Sèvres devenaient, sous ses mains élargies, une contrée de cocagne, avec des ruisseaux de lait et des bosquets enchantés, où des tables chargées de bonnes choses attendaient les passants. » Et sur la longueur des discours politiques : « - Messieurs, un dernier mot, dit-il après s’être essuyé les lèvres avec son mouchoir. Le dernier mot dura un quart d’heure. » On a les mêmes à notre époque !
J’ai bien aimé aussi la rivalité, présente dans tout le roman, entre Eugène Rougon et le comte de Marsy. Les deux personnes sont des adversaires politiques qui ne se font aucun cadeau. Mais pour autant, chacun respecte l’autre : « Marsy fait ses affaires, parbleu ! comme vous voulez faire les vôtres… » chapitre (2). « Marsy a très-bien conduit les élections. Vous avez tort de blâmer ses circulaires. La dernière surtout était d’une jolie force… » (chapitre 6). « Il [le compte de Marsy] retint un instant Rougon, se montra d’une politesse exquise. Toujours en lutte, opposés par leurs tempéraments, ces deux hommes forts se saluaient à l’issue de chacun de leurs duels, en adversaires d’égale science, se promettant d’éternelles revanches. Rougon avait blessé Marsy, Marsy venait de blesser Rougon, cela continuerait ainsi jusqu’à ce que l’un des deux restât sur le carreau. » (chapitre 13)
Donc, après tout ça, pourquoi ai-je un avis mitigé sur ce livre ? Je trouve que l’histoire n’est pas très crédible. Clorinde aime Eugène Rougon, mais veux être sa femme et pas sa maîtresse. Eugène Rougon aime Clorinde, mais n’en veux pas se marier avec elle mais seulement être son amant. Du coup, Eugène Rougon, comme pour lutter contre une tentation arrange un mariage entre elle et son meilleur ami. Ensuite, Clorinde couche avec tout le monde sauf avec Eugène Rougon. Elle couche même avec l’Empereur et c’est cela qui va lui permettre de se venger d’Eugène. L’Empereur aurait donc accepté la démission d’Eugène uniquement à cause de Clorinde…
Un deuxième point que je n’ai pas trouvé très crédible est le fait que l’Empereur semble être un idiot, complètement dépassé par les évènements. « L’empereur était arrivé près d’eux. Il resta là une minute, morne et hésitant. » « L’œil de l’empereur s’éteignit. Il continuait à hocher la tête. Puis, sourdement, d’une voix à peine distincte, il répéta : - Nous verrons… nous en causerons… » « Pendant qu’il parlait, l’empereur levait sur lui [Eugène Rougon] ses yeux mornes, où une lueur s’allumait. Il ne disait rien, il hochait la tête par moments. Puis, quand l’autre se tut : - Sans doute… on pourrait voir … » (chapitre 6). « L’empereur s’était remis à jouer avec le couteau à papier. » (chapitre 11). J’ai du mal à croire que l’homme qui a réussi à se faire élire Président de la République en 1848, qui a réussi un coup d’Etat, et qui en tout a dirigé la France pendant 22 ans ait aussi peu de conversation. Certes, Zola n’était pas bonapartiste.
Retrouvez mon résumé ici. Et donnez-moi votre avis dans les commentaires.
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dimanche 6 novembre 2011
La Faute de l'abbé Mouret - Avis
La Faute de l’abbé Mouret (voir mon résumé ici) est découpé en trois livres. Chaque livre étant, comme le tome précédent, découpé en beaucoup de petits chapitres courts. Ainsi, le livre est très agréable à livre. Les livres 1 et 3 décrivent la vie à l’église. On parle de l’abbé Mouret. Par contre, le livre 2 est celui de la Faute, et là il s’agit de Serge Mouret.
Au premier chapitre, on a une profusion de détails sur la préparation de la messe. Je ne suis pas un spécialiste du sujet, mais il s’agit vraiment d’un passage très complet : « La Teuse, par-dessus la chasuble, étala l’étole, le manipule, le cordon, l’aube et l’amict. Mais elle continuait à bavarder, tout en s’appliquant à mettre le manipule en croix sur l’étole, et à disposer le cordon en guirlande, de façon à tracer l’initiale révérée du saint nom de Marie. ». Comme pour les fruits et légumes dans Le Ventre de Paris, Zola est toujours très précis !
Au chapitre 5, nous faisons aussi connaissance avec Frère Archangias, un religieux « dur » aux idées très arrêtées. Il a une vision très particulière des gens du village des Artaud. Il dit en parlant d’eux : « Laissez donc ! monsieur le curé, de la graine de damnés, ces crapauds-là ! On devrait leur casser les reins, pour les rendre agréables à Dieu. Ils poussent dans l’irréligion, comme leurs pères. Il y a quinze ans que je suis ici, et je n’ai pas encore pu faire un chrétien. […] ceux-là sont au diable. »
Au chapitre 8, Serge Mouret rencontre pour la première fois Albine et son oncle, un vieil athée. La discussion est enflammée et porte sur l’existence de Dieu. Puis Albine surgit de son grand domaine, le Paradou. Albine est une jeune fille fraîche, sensuelle et plutôt sauvage : « Elle avait une jupe orange, avec un grand fichu rouge attaché derrière la taille, ce qui lui donnait un air de bohémienne endimanchée. Et elle continuait à rire, la tête renversée, la gorge toute gonflée de gaieté, heureuse de ses fleurs, des fleurs sauvages tressées dans ses cheveux blonds, nouées à son cou, à son corsage, à ses bras minces, nus et dorés. » Ce passage annonce déjà que c’est avec Albine que Serge va commettre sa faute.
Le soir venu, Albine va aller rôder près de l’église pour revoir Serge. Frère Archangias, qui l’apercevra, aura des mots très durs envers elle : « Que le diable te prenne, fille de bandit ! Je te traînerai par les cheveux autour de l’église, si je t’attrape à venir jeter ici tes maléfices ! »
Le livre 2, est à mon avis, comme un vie en accéléré. Pendant sa convalescence Serge va « renaître ». Au début, il est comme un bébé, il reste au lit. Puis il va apprendre à se tenir debout, à marcher jusqu’à la fenêtre de sa chambre. Ensuite, avec Albine, il vont aller se promener dans le parterre de rosiers, dans le verger, dans les prairies, puis dans tout le Paradou. C’est comme l’enfance. Puis le temps des baisers va venir, avec les jalousies passagères. C’est comme l’adolescence. Puis, c’est la fin de l’adolescence, le début de l’âge adulte, avec la Faute. D’ailleurs cette « renaissance » et ce parcours rapide d’une vie de la naissance au passage à l’âge adulte lui permettent de guérir.
Le livre troisième s’ouvre sur l’abbé Mouret dans son église. Sa vie de prête a repris comme avant. Au chapitre 5, Frère Archangias et l’oncle d’Albine vont se croiser dans les rues du village. Il va s’ensuivre une scène très violente où l’abbé Mouret aura du mal à choisir son camp. « Ah ! le damné ! bégaya le Frère, cloué sur place, en arrêt. Le diable lui jette toute la braise de l’enfer sous les pieds.[…] Ah ! c’est toi, calotin ! J’aurais dû te flairer à l’odeur de ton cuir… Nous avons un compte à régler ensemble. »
Par la suite, Albine va essayer de revenir pour prendre Serge et l’amener avec lui. Un jour, Serge ira la retrouver dans le Paradou, mais l’envie n’y est pas. Il appartient maintenant totalement à Dieu. Albine comprend qu’elle ne parviendra plus jamais à revoir Serge et elle va donc se suicider. J’ai quand même un doute sur la méthode de suicide : prendre des tonnes de pétales de fleurs et les mettre dans sa chambre, calfeutrer la chambre et s’asphyxier avec les vapeurs des pétales…
La scène de l’enterrement d’Albine est assez violente aussi, car l’oncle arrive au milieu du cimetière et coupe brutalement l’oreille du Frère Archangias ! « il tira tranquillement un couteau de sa poche, l’ouvrit, et abattit, d’un seul coup, l’oreille droite du Frère. » Horrible !
J’ai bien aimé ce livre, bien que je ne pensais pas réussir à aller jusqu’au bout.
Au premier chapitre, on a une profusion de détails sur la préparation de la messe. Je ne suis pas un spécialiste du sujet, mais il s’agit vraiment d’un passage très complet : « La Teuse, par-dessus la chasuble, étala l’étole, le manipule, le cordon, l’aube et l’amict. Mais elle continuait à bavarder, tout en s’appliquant à mettre le manipule en croix sur l’étole, et à disposer le cordon en guirlande, de façon à tracer l’initiale révérée du saint nom de Marie. ». Comme pour les fruits et légumes dans Le Ventre de Paris, Zola est toujours très précis !
Au chapitre 5, nous faisons aussi connaissance avec Frère Archangias, un religieux « dur » aux idées très arrêtées. Il a une vision très particulière des gens du village des Artaud. Il dit en parlant d’eux : « Laissez donc ! monsieur le curé, de la graine de damnés, ces crapauds-là ! On devrait leur casser les reins, pour les rendre agréables à Dieu. Ils poussent dans l’irréligion, comme leurs pères. Il y a quinze ans que je suis ici, et je n’ai pas encore pu faire un chrétien. […] ceux-là sont au diable. »
Au chapitre 8, Serge Mouret rencontre pour la première fois Albine et son oncle, un vieil athée. La discussion est enflammée et porte sur l’existence de Dieu. Puis Albine surgit de son grand domaine, le Paradou. Albine est une jeune fille fraîche, sensuelle et plutôt sauvage : « Elle avait une jupe orange, avec un grand fichu rouge attaché derrière la taille, ce qui lui donnait un air de bohémienne endimanchée. Et elle continuait à rire, la tête renversée, la gorge toute gonflée de gaieté, heureuse de ses fleurs, des fleurs sauvages tressées dans ses cheveux blonds, nouées à son cou, à son corsage, à ses bras minces, nus et dorés. » Ce passage annonce déjà que c’est avec Albine que Serge va commettre sa faute.
Le soir venu, Albine va aller rôder près de l’église pour revoir Serge. Frère Archangias, qui l’apercevra, aura des mots très durs envers elle : « Que le diable te prenne, fille de bandit ! Je te traînerai par les cheveux autour de l’église, si je t’attrape à venir jeter ici tes maléfices ! »
Le livre 2, est à mon avis, comme un vie en accéléré. Pendant sa convalescence Serge va « renaître ». Au début, il est comme un bébé, il reste au lit. Puis il va apprendre à se tenir debout, à marcher jusqu’à la fenêtre de sa chambre. Ensuite, avec Albine, il vont aller se promener dans le parterre de rosiers, dans le verger, dans les prairies, puis dans tout le Paradou. C’est comme l’enfance. Puis le temps des baisers va venir, avec les jalousies passagères. C’est comme l’adolescence. Puis, c’est la fin de l’adolescence, le début de l’âge adulte, avec la Faute. D’ailleurs cette « renaissance » et ce parcours rapide d’une vie de la naissance au passage à l’âge adulte lui permettent de guérir.
Le livre troisième s’ouvre sur l’abbé Mouret dans son église. Sa vie de prête a repris comme avant. Au chapitre 5, Frère Archangias et l’oncle d’Albine vont se croiser dans les rues du village. Il va s’ensuivre une scène très violente où l’abbé Mouret aura du mal à choisir son camp. « Ah ! le damné ! bégaya le Frère, cloué sur place, en arrêt. Le diable lui jette toute la braise de l’enfer sous les pieds.[…] Ah ! c’est toi, calotin ! J’aurais dû te flairer à l’odeur de ton cuir… Nous avons un compte à régler ensemble. »
Par la suite, Albine va essayer de revenir pour prendre Serge et l’amener avec lui. Un jour, Serge ira la retrouver dans le Paradou, mais l’envie n’y est pas. Il appartient maintenant totalement à Dieu. Albine comprend qu’elle ne parviendra plus jamais à revoir Serge et elle va donc se suicider. J’ai quand même un doute sur la méthode de suicide : prendre des tonnes de pétales de fleurs et les mettre dans sa chambre, calfeutrer la chambre et s’asphyxier avec les vapeurs des pétales…
La scène de l’enterrement d’Albine est assez violente aussi, car l’oncle arrive au milieu du cimetière et coupe brutalement l’oreille du Frère Archangias ! « il tira tranquillement un couteau de sa poche, l’ouvrit, et abattit, d’un seul coup, l’oreille droite du Frère. » Horrible !
J’ai bien aimé ce livre, bien que je ne pensais pas réussir à aller jusqu’au bout.
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mercredi 26 octobre 2011
La Conquête de Plassans - Avis
Dans La Fortune des Rougon, on trouve un passage qui annonce La Conquête de Plassans. Zola dit, en parlant de la ville de Plassans : « Les prêtres, très-nombreux, donnent le ton à la politique de l’endroit ; ce sont des mines souterraines, des coups dans l’ombre… » (chapitre 3).
Après la lecture des trois précédents tomes, ce qui frappe ici c’est la petite longueur des chapitres. Ils comportent dix à quinze pages chacun, donc on peut facilement lire le roman petit à petit.
Dès la quatrième page du livre, j’ai compris que je ne m’entendrai jamais avec la cuisinière des Mouret, Rose. Cette vieille femme, toujours de mauvaise humeur, n’hésite pas à crier sur ses employeurs. A contrario, on découvre François, très calme, et on se prend d’affection pour lui. L’histoire est aussi l’histoire de sa chute. Il va peu à peu tout perdre : sa femme, qui deviendra dévote, ses enfants, sa maison qui sera colonisée par l’abbé et sa famille, et à la fin, sa raison…
Le personnage de l’abbé est aussi assez effrayant. Au début, il est simplement très mystérieux, mais rapidement on le découvre très cynique et manipulateur. Un jour, François Mouret lui rend visite et, presque malgré lui, lui raconte beaucoup de choses sur la façon dont fonctionne la société de Plassans. « Ce diable d’homme ! il ne demande rien et on lui dit tout ! » (chapitre 4). L’épisode du chantage qu’il va faire à l’évêque pour être nommé curé à la place de l’abbé Compan est assez révélateur. D’un côté, il menace en privé l’évêque : « pour vous-même, monseigneur, réfléchissez avant de prendre une détermination que vous pourrez regretter plus tard. ». Et de l’autre côté, quand il raconte l’histoire ensuite : « J’ai dû accepter, malgré mon peu de mérite… J’avais d’abord refusé, citant à monseigneur des prêtres plus dignes… » (chapitre 11).
La fin du roman, avec l’incendie de la maison est aussi très bien décrite. On s’y croirait presque, cela donne froid dans le dos... J’ai quand même un doute avec le mythe de la folie qui décuple les facultés physique et intellectuelle. Grâce à sa folie, François Mouret bénéficie d’une force herculéenne, d’une agilité extraordinaire, d’une ouïe beaucoup plus fine et d’une adresse décuplée… (chapitre 22).
Donc, je conseille ce livre ! Et vous, qu’en avez-vous pensé ? Dites-le moi dans les commentaires !
Vous trouverez mon résumé ici.
Après la lecture des trois précédents tomes, ce qui frappe ici c’est la petite longueur des chapitres. Ils comportent dix à quinze pages chacun, donc on peut facilement lire le roman petit à petit.
Dès la quatrième page du livre, j’ai compris que je ne m’entendrai jamais avec la cuisinière des Mouret, Rose. Cette vieille femme, toujours de mauvaise humeur, n’hésite pas à crier sur ses employeurs. A contrario, on découvre François, très calme, et on se prend d’affection pour lui. L’histoire est aussi l’histoire de sa chute. Il va peu à peu tout perdre : sa femme, qui deviendra dévote, ses enfants, sa maison qui sera colonisée par l’abbé et sa famille, et à la fin, sa raison…
Le personnage de l’abbé est aussi assez effrayant. Au début, il est simplement très mystérieux, mais rapidement on le découvre très cynique et manipulateur. Un jour, François Mouret lui rend visite et, presque malgré lui, lui raconte beaucoup de choses sur la façon dont fonctionne la société de Plassans. « Ce diable d’homme ! il ne demande rien et on lui dit tout ! » (chapitre 4). L’épisode du chantage qu’il va faire à l’évêque pour être nommé curé à la place de l’abbé Compan est assez révélateur. D’un côté, il menace en privé l’évêque : « pour vous-même, monseigneur, réfléchissez avant de prendre une détermination que vous pourrez regretter plus tard. ». Et de l’autre côté, quand il raconte l’histoire ensuite : « J’ai dû accepter, malgré mon peu de mérite… J’avais d’abord refusé, citant à monseigneur des prêtres plus dignes… » (chapitre 11).
La fin du roman, avec l’incendie de la maison est aussi très bien décrite. On s’y croirait presque, cela donne froid dans le dos... J’ai quand même un doute avec le mythe de la folie qui décuple les facultés physique et intellectuelle. Grâce à sa folie, François Mouret bénéficie d’une force herculéenne, d’une agilité extraordinaire, d’une ouïe beaucoup plus fine et d’une adresse décuplée… (chapitre 22).
Donc, je conseille ce livre ! Et vous, qu’en avez-vous pensé ? Dites-le moi dans les commentaires !
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La Conquête de Plassans
vendredi 14 octobre 2011
Le Ventre de Paris - Avis
Ce qui m’a frappé dans Le Ventre de Paris, ce sont les (nombreuses) descriptions de légumes, de fruits, de viandes. Elles sont même un peu longues parfois. Mais elles peuvent nous donner des indications sur ce que mangeaient les gens à cette époque. Je n’ai pas remarqué énormément de différence avec ce que l’on mange aujourd’hui. Les légumes sont les mêmes « Et le vernis mordoré d’un panier d’oignons, le rouge saignant d’un tas de tomates, l’effacement jaunâtre d’un lot de concombres, le violet sombre d’une grappe d’aubergines […] » (chapitre 1). Chez le boucher (chapitre 1) ainsi qu’au pavillon de la marée, (chapitre 3) on retrouve les mêmes produits que ce que l’on trouve aujourd’hui. Il n’y a que chez le charcutier que quelques plats sont différents : du veau piqué, de la hure aux pistaches… La description du roman que j’ai préféré, celle qui donne presque la nausée en lisant, c’est celle des fromages (chapitre 5). Zola parle mêmes des odeurs, de la chaleur de l’après-midi ainsi que des mouches mortes ! « Alors, commençaient les puanteurs : les mont-d’or, jaune clair, puant une odeur douceâtre ; les troyes, très-épais, meurtris sur les bords, d’âpreté déjà plus forte, ajoutant une fétidité de cave humide ; les camemberts, d’un fumet de gibier trop faisandé […] ».
Une chose qui m’a amusée, c’est l’allusion à La Curée, le roman précédant dans la série. Lisa Macquart parle de son cousin Saccard (un Rougon) qui fait fortune grâce à la spéculation. « J’ai un cousin à Paris… Je ne le vois pas, les deux familles sont brouillées. […] Je l’ai aperçu, l’autre jour, en voiture ; il était tout jaune, il avait l’air joliment sournois. Un homme qui gagne de l’argent n’a pas une mine de cette couleur-là. » (chapitre 2) La rivalité entre les Rougon et les Macquart, qui marque tout les Rougon-Macquart est bien décrite ici.
Il y a aussi un parallèle à faire entre Le Ventre de Paris et La Fortune des Rougon. Il s’agit de la description de Lisa Macquart et les traits de caractères qu’elle tient de son père. Ainsi Zola écrit : « Macquart parlait haut en elle ; elle n’était qu’une Macquart rangée, raisonnable, logique avec ses besoins de bien-être » (chapitre 2). Alors que dans La Fortune des Rougon, on trouve un passage ayant la même signification « Macquart avait mis en elle un besoin de bien-être très arrêté. » (chapitre 4) On est rassuré, il s’agit bien de la même personne !
Parmi les révolutionnaires que côtoie Florent, certains ont des idées, qui, je pense, étaient particulièrement avant-gardiste pour l’époque. En particulier, sur la condition des femmes. « La femme, […] est l’égale de l’homme ; et, à ce titre, elle ne doit pas le gêner dans la vie. Le mariage est une association… Tout par moitié. »
Au chapitre 4, Florent et Claude Lantier partent le dimanche se mettre au vert. Ils vont à la campagne à Nanterre, chez une maraîchère qui a son potager là-bas, et qu’ils croisent régulièrement près des Halles. La description de sa maison et de son potager est très bucolique. « Des haies vives le séparaient d’autres pièces de terre […] Une grande paix venait de cette campagne qu’on ne voyait pas. » A l’époque, Nanterre se situait donc en pleine campagne, et on y allait pour se ressourcer. Et dire que maintenant, c’est là que se situe le quartier d’affaire de la Défense !
Vous trouverez mon résumé ici.
Une chose qui m’a amusée, c’est l’allusion à La Curée, le roman précédant dans la série. Lisa Macquart parle de son cousin Saccard (un Rougon) qui fait fortune grâce à la spéculation. « J’ai un cousin à Paris… Je ne le vois pas, les deux familles sont brouillées. […] Je l’ai aperçu, l’autre jour, en voiture ; il était tout jaune, il avait l’air joliment sournois. Un homme qui gagne de l’argent n’a pas une mine de cette couleur-là. » (chapitre 2) La rivalité entre les Rougon et les Macquart, qui marque tout les Rougon-Macquart est bien décrite ici.
Il y a aussi un parallèle à faire entre Le Ventre de Paris et La Fortune des Rougon. Il s’agit de la description de Lisa Macquart et les traits de caractères qu’elle tient de son père. Ainsi Zola écrit : « Macquart parlait haut en elle ; elle n’était qu’une Macquart rangée, raisonnable, logique avec ses besoins de bien-être » (chapitre 2). Alors que dans La Fortune des Rougon, on trouve un passage ayant la même signification « Macquart avait mis en elle un besoin de bien-être très arrêté. » (chapitre 4) On est rassuré, il s’agit bien de la même personne !
Parmi les révolutionnaires que côtoie Florent, certains ont des idées, qui, je pense, étaient particulièrement avant-gardiste pour l’époque. En particulier, sur la condition des femmes. « La femme, […] est l’égale de l’homme ; et, à ce titre, elle ne doit pas le gêner dans la vie. Le mariage est une association… Tout par moitié. »
Au chapitre 4, Florent et Claude Lantier partent le dimanche se mettre au vert. Ils vont à la campagne à Nanterre, chez une maraîchère qui a son potager là-bas, et qu’ils croisent régulièrement près des Halles. La description de sa maison et de son potager est très bucolique. « Des haies vives le séparaient d’autres pièces de terre […] Une grande paix venait de cette campagne qu’on ne voyait pas. » A l’époque, Nanterre se situait donc en pleine campagne, et on y allait pour se ressourcer. Et dire que maintenant, c’est là que se situe le quartier d’affaire de la Défense !
Vous trouverez mon résumé ici.
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samedi 24 septembre 2011
La Curée - Avis
L’action de La Curée, se situe à Paris (voir le résumé ici) et s’ouvre sur le Bois de Boulogne. Les aménagement du Bois sous Haussmann ont été terminés en 1856. Or le roman débute en 1862 : le Bois est donc relativement récent, ce qui en fait, sans doute, une promenade du dimanche à la mode pour les parisiens. Au point, qu’il y a déjà des encombrements ! « L’embarras devint tel, qu’il fallu même s’arrêter. » (chapitre 1)
La scène de la mort d’Angèle montre particulièrement bien la personnalité de Saccard. Il va jusqu’à discuter du mariage avec Renée alors qu’Angèle se meurt à côté de lui… « Les yeux d’Angèle disaient qu’elle avait entendu la conversation […], et qu’elle craignait qu’il ne l’étranglât, si elle ne mourait pas assez vite. » (chapitre 2) Saccard est vraiment impitoyable et prêt à beaucoup de choses pour s’enrichir. D’ailleurs, j’ai trouvé que le pseudonyme de Saccard était bien trouvé.
Les manœuvres immobilières de Saccard, les subterfuges qu’il utilise pour se cacher, l’affaire du Crédit Viticole sont très bien décrites, mais j’avoue que je me suis laissé perdre par les multiples détails… Une grande partie des techniques qu’il a utilisée pour s’enrichir vont donc continuer à rester inconnues de moi.
Et puis, comment ne pas parler de la scène de la serre ! Quel érotisme dans cette description. J’ai même été étonné qu’un roman de Zola puisse contenir une telle scène, avec autant de détails précis. Je ne m’y attendais pas ! Pour satisfaire votre curiosité, je vous renvoie à la fin du chapitre 4.
Au chapitre 5, quand Renée et Maxime vont voir une représentation de Phèdre, Renée comprend parfaitement le parallèle entre la pièce et sa propre histoire : Phèdre est, elle aussi, tombée amoureuse de son propre beau-fils. Maxime, lui, semble complètement à côté et enchaîne les réactions puériles « « Quel godiche! » murmurait Maxime ». Il ne se rend pas compte de ce qu’il est en train de vivre avec Renée. Cette scène est révélatrice du décalage de vision entre Maxime et Renée. D’ailleurs, j’ai trouvé qu’il possédait assez peu de volonté et qu’il se contentait de subir sa vie plutôt que de la choisir.
La façon dont Renée est finalement délaissée est décrite d’une façon assez noire par Zola. Elle mourra dans l’indifférence (chapitre 7)
La scène de la mort d’Angèle montre particulièrement bien la personnalité de Saccard. Il va jusqu’à discuter du mariage avec Renée alors qu’Angèle se meurt à côté de lui… « Les yeux d’Angèle disaient qu’elle avait entendu la conversation […], et qu’elle craignait qu’il ne l’étranglât, si elle ne mourait pas assez vite. » (chapitre 2) Saccard est vraiment impitoyable et prêt à beaucoup de choses pour s’enrichir. D’ailleurs, j’ai trouvé que le pseudonyme de Saccard était bien trouvé.
Les manœuvres immobilières de Saccard, les subterfuges qu’il utilise pour se cacher, l’affaire du Crédit Viticole sont très bien décrites, mais j’avoue que je me suis laissé perdre par les multiples détails… Une grande partie des techniques qu’il a utilisée pour s’enrichir vont donc continuer à rester inconnues de moi.
Et puis, comment ne pas parler de la scène de la serre ! Quel érotisme dans cette description. J’ai même été étonné qu’un roman de Zola puisse contenir une telle scène, avec autant de détails précis. Je ne m’y attendais pas ! Pour satisfaire votre curiosité, je vous renvoie à la fin du chapitre 4.
Au chapitre 5, quand Renée et Maxime vont voir une représentation de Phèdre, Renée comprend parfaitement le parallèle entre la pièce et sa propre histoire : Phèdre est, elle aussi, tombée amoureuse de son propre beau-fils. Maxime, lui, semble complètement à côté et enchaîne les réactions puériles « « Quel godiche! » murmurait Maxime ». Il ne se rend pas compte de ce qu’il est en train de vivre avec Renée. Cette scène est révélatrice du décalage de vision entre Maxime et Renée. D’ailleurs, j’ai trouvé qu’il possédait assez peu de volonté et qu’il se contentait de subir sa vie plutôt que de la choisir.
La façon dont Renée est finalement délaissée est décrite d’une façon assez noire par Zola. Elle mourra dans l’indifférence (chapitre 7)
mardi 13 septembre 2011
La Fortune des Rougon - Avis
Sur La Fortune des Rougon (voir le résumé ici), une des premières choses qui m’a interpellée, c’est l’opposition entre les enfants d’Adélaïde Fouque. D’un côté, il y a le fils légitime, celui qu’elle a eu lorsqu’elle était mariée : Pierre Rougon. Et de l’autre, il y a les enfants qu’elle a eu ensuite, quand elle était veuve, sans se remarier : Antoine et Ursule Macquart. Les caractères des trois enfants sont très différents. Chez les Macquart et notamment chez Antoine, on retrouve l’oisiveté, et beaucoup d’autres défauts : « amour du vagabondage, […] tendance à l’ivrognerie, […] emportements de brutes » (chapitre 2). Pierre Rougon, lui, paraît plus posé, plus équilibré. Zola écrit : « En face des deux bâtards, Pierre semblait un étranger, il différait d’eux profondément… ». On pourrait penser (et je l’ai cru au début), que c’est le côté légitime de Pierre qui fait qu’il a moins de vices de son bâtard de demi-frère. Mais si on regarde dans le détail, il n’en est rien. Pierre Rougon a aussi des vices : il est très calculateur, très manipulateur et prêt à tout pour réussir. Et rien n’indique que les défauts des Macquart proviennent de leurs illégitimités. L’opposition entre Pierre Rougon et Antoine Macqart est le fondement de la série Les Rougon-Macquart.
Dans un autre registre, la description de la rencontre entre Miette et Silvère est aussi très touchante. Elle nous renvoie à nos amours d’adolescents. Tous les stratagèmes qu’ils mettent au point pour se voir en cachette de leur parents ! Leur innocence à tous les deux apparaît clairement, et ceci en fait des personnages très attachants.
Dans la scène finale, celle de la mort de Silvère, le cynisme est poussé à son comble car Silvère est enchaîné à un autre malheureux et le gendarme Rengade décide de les emmener tous les deux pour les abattre. De plus, la scène se déroule simultanément avec la scène de fête chez les Rougon. Pierre Rougon a sauvé Plassans, il va être décoré. Zola a très bien rendu la simultanéité des deux scènes. Une scène bien émouvante…
Dans un autre registre, la description de la rencontre entre Miette et Silvère est aussi très touchante. Elle nous renvoie à nos amours d’adolescents. Tous les stratagèmes qu’ils mettent au point pour se voir en cachette de leur parents ! Leur innocence à tous les deux apparaît clairement, et ceci en fait des personnages très attachants.
Dans la scène finale, celle de la mort de Silvère, le cynisme est poussé à son comble car Silvère est enchaîné à un autre malheureux et le gendarme Rengade décide de les emmener tous les deux pour les abattre. De plus, la scène se déroule simultanément avec la scène de fête chez les Rougon. Pierre Rougon a sauvé Plassans, il va être décoré. Zola a très bien rendu la simultanéité des deux scènes. Une scène bien émouvante…
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La Fortune des Rougon
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