lundi 9 janvier 2012

L'Assommoir - Avis

J’avais déjà lu ce livre il y a quinze ans. Et je n’en avais pas beaucoup de souvenirs… Ce roman dépeint le monde ouvrier. La pauvreté et l’alcoolisme sont omniprésents, même si on croise certains ouvriers qui s’en sortent, comme Goujet.

Je trouve que le moment du roman qui reflète le mieux le manque criant d’argent c’est quand Coupeau et Gervaise font les préparatifs de leur mariage. En effet, très peu de personnes sont invités à la noce : les deux sœurs de Coupeau, leurs maris, quelques amis. Une douzaine de personne en tout. Mairie et église le matin, suivi qu’un petit repas le midi, qui devait être un pique-nique. Et un repas le soir. Et Zola a une manière très simple de faire comprendre que la pauvreté est partout : il précise toujours le prix de chaque chose. Ainsi, au début du chapitre 3, tout est compté : « Elle avait une grosse envie d’un petit mantelet de soie, affiché treize francs, rue du Faubourg-Poissonnière. Elle se le paya, puis racheta pour dix francs au mari d’une blanchisseuse, morte dans la maison de madame Fauconnier, une robe de laine gros bleu, qu’elle refit complètement à sa taille. Avec les sept francs qui restaient, elle eut une paire de gants de coton, une rose pour son bonnet et des souliers pour son aîné Claude. » (chapitre 3) Et dire que, dans La Curée, Rénée dépense plus de 257 000 francs chez ton tailleur…

La noce de Gervaise et Coupeau ne se déroule pas comme prévu, en raison de la pluie. Ils décident de manger rapidement et d’aller visite le Louvre. Un groupe d’ouvriers visitant le Louvre du temps de Zola ! On voit vraiment le décalage ! Ils se perdent dans le musée, ils ne comprennent pas grand-chose aux tableaux… etc… Cela se ressent dans le style « Que de tableaux, sacredié ! ça ne finissait pas. Il devait y en avoir pour de l’argent. Puis, au bout, M. Madinier les arrêta brusquement devant le Radeau de la Méduse ; et il leur expliqua le sujet. Tous, saisis, immobiles, se taisaient. Quand on se remit à marcher, Boche résuma le sentiment général : c’était tapé. » (chapitre 3)

Dans mon souvenir, je croyais que Gervaise était alcoolique pendant tout le roman. Mais au début de L’Assommoir, Gervaise ne boit pratiquement pas d’alcool. Elle explique que c’est parce qu’elle en a tellement bu étant petite « Et elle raconta qu’autrefois, avec sa mère, elle buvait de l’anisette, à Plassans. Mais elle avait failli en mourir un jour, et ça l’avait dégoûtée ; elle ne pouvait plus voir les liqueurs. » Chapitre 2. Un extrait de La Fortune des Rougon, au chapitre 4, confirme que Gervaise a bu pendant son enfance. « Pour se consoler, elle [Fine, la mère de Gervaise] achetait un litre d’anisette, elle buvait le soir des petits verres avec sa fille, tandis qu’Antoine [Antoine, le père de Gervaise] retournait au café.» L’hérédité.

Un autre passage que j’ai bien aimé est celui de la fête de Gervaise, où les Coupeau cuisinent une oie à leurs invités. L’alcool coule à flot lors de cette soirée, et cela est très bien rendu par le récit de Zola. « Oui, oui, on allait chanter ! Chacun dirait la sienne. C’était plus amusant que tout. Et la société s’accouda sur la table, se renversa contre les dossiers des chaises, hochant le menton aux bons endroits, buvant un coup aux refrains. » (chapitre 7)

Lors de la description de la crise de folie de Coupeau, on retrouve un thème que Zola avait déjà abordé dans La Conquête de Plassans : le fait que la folie donne une force surhumaine. Coupeau est inépuisable, il arrive à danser et à crier sans s’arrêter pendant 3 jours de suite, sans dormir. Et Mouret avait, lui aussi, des facultés physiques décuplées par sa folie.

Retrouvez mon résumé ici. Et donnez-moi votre avis dans les commentaires.

2 commentaires:

  1. Je n'avais pas fait attention, effectivement le thème de la force que donne la folie est redondant chez Zola!

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    1. Chacun fait attention à un petit détail différent ! C'est amusant. Merci de votre visite.

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